Andrea Palladio Architecte

Né à Padoue le 30 novembre 1508 et mort à Vicence le 19 août 1580 est un architecte de la Renaissance italienne. Il est l’auteur d’un traité intitulé Les Quatre Livres de l’architecture. Andrea Palladio ne fut pas seulement architecte au sens strict du mot : « sculpteur » d’édifices, il fut capable de dessiner et de « forger » des structures harmonieusement complexes en rapport avec l’espace environnant. Cette capacité d’invention, inspirée des grands modèles antiques, s’accompagnait cependant d’une attention tout aussi originelle pour les conditions concrètes de la création et de la construction.

Les villas : architecture et paysage  par Lorenzo Pericolo Maître de conférence à l’université Rennes II

Dans ces villas, Palladio réussit avec autant d’habileté et de succès à plier l’exemple noble de l’architecture antique aux conditions particulières du paysage. Il serait impossible de dénombrer et commenter tous ses édifices ruraux, à la structure très différente. Parmi les plus importants, on doit rappeler

  • la villa Barbaro à Maser (complétée en 1558)

,

  • la villa Cornaro à Piombino Dese (1551-1553),

  • la villa Serego à Santa Sofia di Pedemonte (1552-1559),
  • la villa Badoer à Fratta Polesine (vers 1556),
  • la villa Foscari à Malcontenta di Mira (commencée aux environs de 1558)

  • la villa Almerico-Valmarana, mieux connue sous le nom de la « Rotonde ».

Dans ses Quatre livres de l’architecture, Palladio consacre un chapitre entier au choix des emplacements destinés pour les villas. D’abord, dit-il, « on choisira […] un lieu commode pour la maison et, autant qu’il sera possible, au milieu des terres qui en dépendront, afin que le maître puisse avoir l’œil plus facilement sur les environs de son héritage et que le fermier ait moins de peine à conduire tous les revenus au logis du maître ». D’entrée de jeu, le souci principal de l’architecte se porte sur des problèmes de gestion économique du domaine. Mais Palladio ne néglige pas – loin de là – l’aménité des lieux et les charmes du paysage : « Si l’on peut bâtir auprès de quelque rivière, ce sera une belle et avantageuse commodité, parce que l’on pourra faire transporter par bateau, en tout temps et pour peu de frais, les revenus des terres dans les villes […], outre qu’elle donnera de la fraîcheur en été et sera plaisante à voir, et par son moyen on arrosera facilement les prairies, les jardins à fleurs et les potagers qui sont l’âme et les délices de la campagne. » Ce souci d’intégrer l’architecture dans le paysage se manifeste dans les commentaires que Palladio rédigea dans son traité d’architecture. En illustrant le plan et l’élévation de la villa Serego à Santa Sofia di Pedemonte, non loin de Vérone,

l’architecte note : « Elle est située sur une fort belle colline d’accès facile entre deux petits vallons, d’où l’on découvre une bonne partie de la ville ; aux environs, il y a d’autres collines très divertissantes à la vue et abondantes en bonnes eaux, avec lesquelles on a enrichi les jardins de la maison de plusieurs fontaines admirables. » S’il ne reste rien de ces fontaines, on peut deviner l’ampleur du projet original en considérant les portiques de la villa. À leur sujet, Palladio affirme : « La partie de ce bâtiment qui constitue l’appartement du maître et de la famille a une cour entourée de portiques ; les colonnes sont d’ordre ionique, grossièrement taillées, ainsi qu’il convient à une maison champêtre où les choses délicates et polies n’auraient pas tant de rapport que les simples et naturelles ; ces colonnes vont soutenir la corniche qui fait gouttière et reçoit la pluie au droit de la couverture ; par derrière, il y a des pilastres sous les portiques, qui portent les loges de l’étage. » Il est difficile de décrire le puissant contraste qui caractérise cette architecture. Les colonnes des portiques, colossales et décorées de chapiteaux ioniques, se dressent autour de la cour avec symétrie. Elles sont constituées de bagues irrégulières de pierre calcaire, empilées les unes sur les autres, comme pour imiter le caprice de conglomérats rocheux sculptés par la nature elle-même. Une balustrade, délimitant le portique à l’étage, brise l’enchantement, et signale l’artifice de l’architecte. Ce contraste délibéré entre le naturel et l’artificiel, le rustique et l’urbain, révèle la sensibilité de Palladio et ses idéaux architecturaux : à Santa Sofia comme ailleurs, il visait en effet à faire renaître sous une forme moderne la structure des anciennes villas romaines, avec leurs portiques et leurs amples courts.
Pour ses villas, Palladio ne s’inspire pas uniquement du modèle des maisons de campagne de l’Antiquité. En l’occurrence, il emprunte des éléments nobles de l’architecture religieuse antique, comme des portiques surmontés de frontons, ou des salles de plan centré couronnées de dômes, à l’instar du Panthéon à Rome. À ce propos, il faut absolument citer sa célèbre Rotonde,

L’architecte lui-même en était entièrement conscient : puisque sa villa était « avantagée de tous les côtés de très belles vues, les unes bornées, d’autres plus lointaines et d’autres encore à perte de vue, on lui a donné des loges sur ses quatre faces, sous le plan desquelles, et de la grande salle, on a pratiqué des chambres pour l’usage et la commodité de ceux du logis ». En multipliant par quatre les portiques et les façades de la villa, Palladio ne soulignait pas seulement la structure compacte, organiquement unitaire de cette construction de plan centré, mais il ouvrait aussi la Rotonde sur quatre perspectives différentes, comme pour pleinement posséder le paysage des alentours.

 


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