Italie Emigration

emigrésDe 1861 à 1914, dix millions de personnes émigrent du sud de l’Italie vers la France ou l’Amérique.

  • LA SOCIÉTÉ
  • Dans le sud de l’Italie, au début du siècle, la société est traditionnelle et même archaïque.
    La démocratie et la modernité sont inexistantes et d’ailleurs pourfendues par le pape. L’éducation des enfants est négligée : dans le meilleur des cas, ils quittent l’école à neuf ans. La nourriture est frugale : le pain, la galette, les pois chiches, les fèves et la polenta constituent la base de l’alimentation. L’habitat est rudimentaire; l’hiver, on se met avec les bêtes pour être au chaud.
    Dans le mezzogiorno, la pauvreté et l’immobilisme perdurent, alors que partout ailleurs en Europe, le sort des ouvriers s’améliore sensiblement.
  • LA CRISE ÉCONOMIQUE

Le royaume d’Italie est en retard par rapport aux grands pays d’Europe : les conditions de vie, les revenus, les droits politiques et sociaux des ouvriers y sont inférieurs; or, le mezzogiorno est la région la plus pauvre du pays.
L’immense majorité des habitants vivent, ou plutôt survivent, en travaillant la terre. Le sol est ingrat, les techniques d’exploitation primitives et les conditions de travail des ouvriers agricoles très dures.
Les petits propriétaires vivent en autarcie sur de minuscules lopins de terre. Les paysans sans terre se louent péniblement un jour sur deux en moyenne. Les métayers doivent la moitié de la récolte au propriétaire et sont sans cesse menacés d’expulsion. La terre appartient à des aristocrates oisifs, qui se désintéressent des problèmes économiques et sociaux.
De plus, à partir des années 1880, le sud de l’Italie, comme toute l’Europe, est touché par la crise économique.
La pauvreté augmente encore, tandis que la population s’accroît de manière phénoménale : les familles nombreuses sont légions.
Certains parents en sont réduits à confier leurs enfants, âgés de dix ans à peine, à des « padroni », marchands de main-d’œuvre brutaux et âpres au gain, qui les acheminent, à pied, par petits groupes, jusqu’à la gare de Naples, puis en train jusqu’en France, où ils les louent à des directeurs d’usines de la région de Lyon.

  • UNE SITUATION EXPLOSIVE

Le ralentissement de l’activité économique et le surpeuplement provoquent des révoltes incessantes, au point que les autorités redoutent une révolution sociale. Les pauvres, qui n’ont pas le droit de vote, réagissent de manière spontanée et violente : les grèves sauvages, émeutes, pillages et incendies éclatent de manière sporadique. Les masses populaires, exclues de la vie politique et syndicales, se laissent gagner par les idées anarchistes. En 1896, dans le sud, l’insurrection est réprimée par la troupe, la loi martiale proclamée. En 1900, le roi d’Italie est assassiné par un activiste.

  • LES ÉMIGRANTS

Dans ces conditions, beaucoup choisissent d’émigrer. Les candidats au départ se recrutent principalement parmi les plus jeunes et les plus pauvres. Ils sont séduits par les récits de parents ou d’amis déjà installés en Amérique, qui parfois leur payent la traversée.
D’ailleurs, les tarifs baissent, à mesure que la taille des navires à vapeur augmente et que la concurrence se fait plus vive entre les compagnies.
Les émigrants voyagent donc à bas prix, mais dans des conditions inconfortables et dans la promiscuité. La traversée est pénible, et elle dure un mois : en hiver, c’est long !
source : BRICE, Catherine. Histoire de l’Italie. Paris : Hatier, 1992

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